Assises de la souveraineté numérique

Assises de la souveraineté numérique

Alors que se tiendra, le 23 juin 2014 prochain, la 50eme réunion de l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers), où la secrétaire d’Etat chargée du numérique, Axelle Lemaire représentera la France, celle-ci réaffirme son soutien à une politique européenne du numérique volontariste. Elle a appelé ce mardi 3 juin l’Union européenne “à adopter une stratégie numérique coordonnée face aux enjeux de la gouvernance mondiale de l’Internet et des négociations sur le traité de libre échange transatlantique (TTIP)”.

Elle rappelle l’importance d’une démarche européenne coordonnée pour répondre aux enjeux sociaux et économiques attachés au développement de l’économie numérique, et l’objectif affiché selon lequel “l’Europe doit devenir un acteur incontournable de l’innovation dans les services numériques”.

Les enjeux liés au développement de l’économie numérique dans l’ensemble des pays européens ne sont pas nationaux, mais supranationaux. La quasi-majorité des intervenants aux premières assises de la souveraineté numérique, qui se sont tenues le 13 mai dernier à Paris, s’accordent à le penser: “C’est principalement l’Europe qui est et doit être à la manœuvre pour traiter, négocier, réguler (ou non) afin que le numérique arrête d’être, quasi uniquement, un outil de (re)conquête américaine “.
En effet, selon le CNNum (Conseil National du Numérique), " l’asymétrie entre les États-Unis et l’Union européenne en matière de numérique ne peut être ignorée ", et rappelle que, du côté des États-Unis, "l’ambition d’en faire un facteur de puissance est affichée ".

Comment l’Europe peut-elle (re)conquérir le marché de l’innovation numérique et maintenir sa souveraineté à l’échelle internationale ?
Cette souveraineté a-t-elle encore un sens ? Ou doit-elle être repensée, et si oui, de quelle façon, à l”heure où les territoires sont devenus numériques ?
Quelle stratégie numérique l’Europe doit-elle bâtir pour faire de cette économie un facteur de puissance et de création d’emplois et de valeur ?
Doit-elle bâtir sa stratégie numérique dans le seul cadre des échanges transatlantiques, ou dans une perspective plus internationale ?
Quels sont les leviers à mettre en place pour lui permettre de devenir un acteur incontournable de l’innovation dans les services numériques ?  Rétablissement de l’équité fiscale et juridique,  nouvelle régulation des données, affirmation des principes de réciprocité et d’égalité de traitement, défense des droits et des libertés de choix des usagers, mise en place de solutions technologiques alternatives,..?
Faut-il construire un droit international du numérique ?
Doit-on inventer une éthique pour le numérique, au niveau de la recherche mais aussi dans toute la chaine de valeur de l’économie numérique, afin de permettre le rétablissement de la confiance des usagers et des entreprises innovantes dans ce secteur ?
Et comment inscrire cette stratégie numérique dans le cadre d’une politique industrielle ambitieuse à l’échelle européenne?
...

Autant de questions que se posent aujourd’hui les dirigeants politiques nationaux et européens, et autant de débats entre Etats, ...mais qui n’auront de sens et de valeur qu’à la condition d’y associer l’ensemble de la société civile, afin qu’elle puisse choisir son avenir numérique en toute conscience et connaissance de ses droits. 

 

Lire aussi:
souverainetenumerique.aromates.fr
usinenouvelle.com/article/pourquoi-la-souverainete-numerique-devrait-etre-au-coeur-des-europeennes.N262924 - Le 16 mai 2014, Usine Nouvelle, par Aurélie Barbaux.